Nuit du 26 au 27 février 1993
Ma
belle,
Par cette pluie glaciale de février où je bois
l'angoisse dans l'eau noire du
temps, je n'arrive pas à écrire comme je veux avec tes
mots tampons. C'est
pas le tout d'avoir des bagages, faut savoir comment les poster
!... Ils
arrivent sur ma grisaille en zig-zags fluo. J'écrirai
donc tes mots en Univers,
les miens en corps gras. Les bagages, first, c'est le rangement.
C'est pas Mondrian, mais ça marche dans ses chaussures.
A partir de trois
couleurs, il annonçait la Plastique comme utopie d'un univers
d'harmonie, en
miroir de l'art. Tu ne te consoles pas de cette utopie moderne de l'art
ordonnant la vie.
Chez lui, c'est les trois primaires de la Peinture Pure.
Chez toi, c'est quatre
couleurs comme à l'imprimerie, la quadrichromie de reproduction.
Typons
ou tampons t'imprimes ta couleur bleu, jaune, rouge et vert.
[...]
lettre de Marie-Odile Briot à Michèle
Gignoux (extrait)