"Michèle
Gignoux s'intéresse de près au langage et depuis fort
longtemps. Ce sentiment linguistique s'exprime dans la collecte constante
d'expressions particulières telles que : « le prétexte
est un prétexte », « les gendarmes n'ont pas le sens
de l'humour », ou encore l'artiste comme tout vrai linguiste
n'est pas puriste : « cada loca con su tema », «
tomorrow is another day ».
Ces expressions surgissent à propos dans la conversation, surprenant
les nouveaux interlocuteurs, amusant les anciens amis qui souvent ont
emprunté à l'artiste l'une ou l'autre de ses trouvailles.
Ce plaisir de la citation fait du parler de Michèle Gignoux une
langue fortement « marquée ». L'artiste y développe
ainsi son idiolecte manifestant ici encore son souci de s'approprier
- en les marquant au coin de son art les données
du monde qui l'entoure. N'être comme personne jusque dans sa langue
: curieux dessein certes mais non dépourvu d'ironie puisque les
expressions choisies sont souvent repérées dans les parlers
de l'entourage, dans les idiolectes des proches. L'artiste les reprend,
les réutilise, les fait vibrer autrement : le langage aussi possède
ses ready-made et Michèle Gignoux exploite ce filon traditionnellement
réservé aux écrivains. Se placer dans la langue,
y trouver ses marques, ces soucis sont en effet littéraires et
la présence, parmi les multiples facettes de l'uvre, d'une
écriture, ne nous surprend guère. "
Béatrice Frahnkel in Juste un mot